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Les services de l’Etat au chevet du fort d’Ambleteuse

Publié le 27 septembre 2024
par Bertrand Spiers  
Mis à jour le 30 septembre 2024

Le fort Vauban est un colosse aux pieds fragiles. Depuis 1685, année de sa construction par Vauban, il est aujourd’hui emblématique du littoral du nord de la France. « C’est le dernier fort militaire en mer entre Cherbourg et la côte belge » aime à rappeler Jean-Yves Méreau, président des Amis du fort d’Ambleteuse. C’est un ouvrage militaire qui a traversé les époques et ses destructions. Propriété d’une association type 1901, autre singularité, il fait l’objet de soins attentifs des services de l’Etat et de ses mécènes (fondation Total, Crédit Agricole.)…

Paradoxalement, c'est la dalle de béton coulée par les soldats allemands qui pose aujourd'hui problème.

Devant le fort, Jean-Yves Méreau et Françoise Laty.

Etienne Poncelet explique sur la terrasse les enjeux du prochain chantier de l'ancienne écurie.

Mercredi 25 septembre 2024, plusieurs représentants de la Conservation régionale des monuments historiques (Françoise Laty, conservatrice des monuments historiques pour les Hauts de France, Simon Ducros, conservateur, des archéologues du service régional…) se sont rendus à Ambleteuse pour envisager l’avenir du fort. L’association des Amis du fort d’Ambleteuse et Etienne Poncelet, architecte des monuments historiques honoraire, ont une vision assez précise des chantiers à venir. Il y a parfois urgence : le mur de l’écurie (autrefois corps de garde) côté mer est dans un triste état. La mer et ses rouleaux furieux effectuent un véritable travail de sape sur la maçonnerie actuelle. « C’est un chantier de 270 000 € qui est pratiquement bouclé aujourd’hui » précise Jean-Yves Méreau. La visite des techniciens de l’Etat devrait accélérer les procédures pour démarrer ce chantier au printemps 2025. 

Tronçonner la dalle de béton !

Mais il y a encore beaucoup à faire : le rempart côté mer, la terrasse extérieure, la tour et le corps de logis… Paradoxalement, ce sont les dernières modifications en date des soldats allemands qui posent aujourd’hui problème. Les dalles de béton coulées entre 1940 et 1944 ont énormément souffert. Pour Etienne Poncelet, il faut les démonter ! Vaste chantier… « En les sciant, on redonnerait à la tour canonnière dessinée par Benjamin de Combes en 1680 toute sa splendeur originelle, tout son volume  ». Selon l’historien Christian Corvisier qui a produit une étude sur le sujet, Ambleteuse est en effet le seul fort en France à avoir une architecture aussi singulière… 

Tronçonner une dalle de béton ? Bigre ! On imagine sans mal le défi architectural derrière ce coup de scie. « Il faudra aussi que l’association repense le contenu muséologique du fort dans son espace » rajoute Etienne Poncelet. Imaginer des cloisons en bois mobiles, une mezzanine… impossible de jeter aux oubliettes les collections du fort (histoire, préhistoire, fossiles, maquettes…) alors que celles-ci sont unanimement appréciées des visiteurs qui se pressent chaque année dans les couloirs du fort. Plus de 6000 déjà cette année et ce n’est pas fini… 

Il y a là un formidable enjeu, un chantier colossal qui va mobiliser les bénévoles de l’association pour une petite dizaine d’années. Les services de l’Etat en sont conscients. La visite de mercredi a achevé de les convaincre.